La force du voyage, Hugo Pratt squatte la pinacothèque

Regard ténébreux, col relevé jusqu'aux oreilles, cheveux bruns flottant au vent et casquette de marin ambiance baroudeur, voilà comment on peut définir l'homme mystérieux par excellence. Qui d'entre vous mesdemoiselles n'a pas imaginé rencontrer pareil figure au détour d'une rue, rêvant qu'il vous emmène vivre des aventures hors du commun sur son voilier hyper classe ? Bon certes, vous n'aimez pas toutes ce style d'idéal masculin, mais si il y a bien un personnage de fiction qui offre cette petite odeur de voyage c'est bien Corto Maltese, le beau et charismatique héros d'Hugo Pratt.

Si vous êtes fans, et d'ailleurs même si vous ne l'êtes pas, du marin au visage carré, je ne peux que vous conseiller de vous précipiter à la pinacothèque pour l'expo qui est dédié à son auteur.

Hugo Pratt est un dessinateur de bande dessinée italien, décédé en 1995 et qui, au fil de ces œuvres, deviendra une des grande figures du neuvième art. Son univers mêlant aventure, voyage, érotisme, mystère, ou encore mélancolie, et son talent pour raconter, va propulser Corto Maltese comme référence de la bande dessinée européenne. Et beaucoup de passionnés suivront les aventures du beau marin avec une passion qui est encore aujourd'hui palpable. 

Alors que peut-on voir en parcourant les couloirs aux lumières tamisées (typique des expositions d'ailleurs !) de la pinacothèque ? Et bien l'expo qui se déroule sur deux étages nous emmène dans un premier temps autour d'aquarelles du maître (qui jalonneront d'ailleurs aussi la suite de l'expo), disparates, qui passent par un peu toutes les influences de Pratt. On y trouve donc ce "truc", mélange de dépaysement et d’exotisme, toujours tenu par des figures marquées comme il a toujours su faire. Au-delà des paysages variés, plein de poésie, on rencontrera ce qui fait une des forces pour moins du dessin de Pratt, les personnages. Il avait ce talent pour magnifier les visages de ses protagonistes, leur donné au premier coup d’œil une force, un caractère et une essence. Chacun est unique, chacun à son charisme propre et on se prend à rester là pour essayer de saisir les pensées de ces hommes et de ces femmes. Son talent à magner les contrastes, passer d'un cadre flamboyant de détails à un autre minimaliste mais incroyablement porteur de sensibilité nous emporte sans prévenir dans son univers et ne nous lâchera pas avant d'avoir franchi la porte du bâtiment. Les aquarelles sont magnifiques (et il n'y a d'ailleurs pas que du Corto Maltese), et à travers elles, on découvre la passion qu'avait Pratt pour le voyage. Et s'il est encore difficile pour beaucoup d'admettre que les dessinateurs de bandes dessinées sont des artistes à part entières, contempler ces œuvres ne fera que l'affirmer.

La suite de la visite alterne entre aquarelles, planches originales de Corto, et divers dessins aux techniques variés (fusain, gouache, crayonné...). Et puis il y a cette salle où est rassemblé l'intégralité des 164 planches originales de "La ballade de la mer salé", première aventure de Corto, juste jouissif.

Bref vous l'aurez compris, cette expo m'a énormément emballé. Elle est bien faite, le contenu est plus que plaisant et le parcours dans les allées est agréable. Que vous soyez passionné de Corto Maltese, amateur de bd connaissant mal ce personnage ou tout simplement amateur d'art picturale précipitez-vous à la pinacothèque avant le 21 août, vous ne serez vraiment pas déçu.

Et si vous voulez en savoir un peu plus sur Corto Maltese, je vous invite à lire cette article qui décrit très bien l'oeuvre : Corto Maltese